Cela faisait maintenant déjà quelques temps qu’Hisoka avait rejoint ce monde. Il se posait encore des questions, bien entendu, mais cela ne l’empêchait pas de vivre comme il le désirait. Sur le chemin le menant à Mirchea, il avait eu l’occasion de faire couler le sang d’un marchand et de son fils ainsi qu’un groupe de bandits de bas étage. Certes, il avait bien moins de force que dans monde originel, toutefois il n’était pas non plus à plaindre comparé à la basse populace qu’il avait croisé pour le moment. De ce côté là, ça ne changeait pas vraiment d’avant. Hisoka avait toujours trouvé la faiblesse des badauds absolument pitoyable. La seule chose à laquelle ils lui servait vraiment était la collecte d’informations. En effet, le magicien ne négligea pas cela. Il se trouvait dans un monde inconnu il devait en apprendre le plus possible afin de mieux s’en sortir par la suite. De plus, plus il en saurait, plus facilement il trouverait des gens puissants à combattre. Autrement dit, cette petite enquête n’avait d’autre but que d’étancher plus tard sa soif de sang. Cela faisait quelques jours qu’il avait élu domicile dans une chambre miteuse de la seule auberge du coin. Le soir il lui arrivait de boire quelques verres et de faire connaissances avec les habitants. Bien que les gens le trouvent étrange, ils ne semblaient pas en avoir peur, du moins pas pour le moment.


La journée, Hisoka parcourait les environs et cherchait à engranger toujours plus d’informations, ou bien il s’entrainait pour s’habituer à sa force amoindrie. Malheureusement, sa soif de sang se faisait de plus en plus grande. Depuis qu’il se trouvait là, il n’avait plus tué personne. En soit ce n’était pas bien grave mais le problème était qu’un groupe de poivrot ne cessaient de le titiller. Le magicien sentait la rage monter en lui au fur et à mesure que le temps passait, bientôt il ne serait plus en mesure de se retenir... La nuit tomba, Hisoka rentra donc se reposer. Arrivé à l’auberge, ces futures victimes étaient présentes, déjà saoules comme des trous. Une irrémédiable envie de meurtre se mit à grandir en lui à la seule vue de ces insectes abjects. C’est alors que le drame arriva. L’un d’eux pensa qu’il serait amusant de lui lancer une chope de bière dans le dos. Hisoka se retourna de suite et stoppa l’objet sans la moindre peine. Tout en s’avançant vers eux, il avala le breuvage.


«Dehors, de suite... ♦ » leur intima le magicien d’un air sadique.


Bernés par l’alcool, ils pensèrent que leur simple supériorité numérique serait suffisante contre l’inopportun. Après tout ils étaient cinq, comment pourraient-ils perdre ? Tout en riant, ils suivirent notre homme à l’extérieur, derrière l’auberge pour être plus précis. Le silence régnait en cette nuit sombre et froide. Seuls les rires et les rots de ces ivrognes venaient troublé le calme ambiant. Le dos tourné à ses victimes, Hisoka se mit à rire lentement et doucement, puis rapidement et bruyamment. Lorsqu’il se retourna, son visage était déformé par sa soif de sang. Malheureusement pour eux, le sociopathe était en plein folie sanguinaire. En un instant, il leur bondit dessus et sortit quelques cartes. Quelques secondes plus tard, tous les cinq se trouvaient étendus au sol, des cartes criblés partout dans leur corps. Leur sang nimbait dès lors le sol, se mêlant à la poussière.  Soudain, Hisoka sentit une autre présence. Non loin, derrière lui, à quelques mètres, un intrus. Une carte à la main il se rua derrière lui et la plaça sous son coup. Sa soif de sang était passée, il était donc bien plus raisonnable. Un pressentiment lui intimait de pas blesser ce jeune homme, comme s’il sentait une certaine force en lui. Cela arrivait généralement quand il tombait sur quelqu’un qu’il jugeait digne.


«Il est tard mon garçon, que fais-tu ici? Seul.... ♥ » demanda le magicien en retirant sa carte de son cou.


Tout en léchant sa carte toujours couverte de sang, Hisoka recula de quelques pas et s’assit sur un tonneau en regardant le jeune homme avec un regard plein de malice et un sourire pervers. Pourvu qu’il soit intéressant. Oh oui, cela valait mieux. Perdre son temps rendrait le magicien très en colère et le conduirait très certainement à commettre un meurtre de plus ce soir...

D’un regard amusé, Hisoka observait son hypothétique proie sans sourciller. Lentement il le vit reprendre contenance. Visiblement, il n’avait pas si peur de lui. C’était une bonne chose, très bonne même. De suite le garçon grimpa dans son estime. S’il était une chose que le magicien appréciait, c’étaient les jeunes hommes séduisants et courageux. Pour le moment, il marquait des points à ce niveau là. Passant lentement sa langue sur ses lèvres, il savourait de manière non dissimulée le regard intense de l’inconnu. Oh oui, qu’il le regarde plus, toujours plus. L’émotion qu’on lisait dans ses yeux était sublime, exquise. Hisoka sentait dans ce jeune homme de la témérité. Ce sourire qu’il affichait, cet air qu’il voulait menaçant. Oh oui, le magicien avait trouvé là une sublime... proie ! Tandis que son regard devenait plus sombre et plus terrifiant, il s’apprêta à bondir sur sa future victime. Quand soudain.... Une petite troupe de monstres fit son apparition. En l’espace d’un instant Hisoka se radoucit et observa la scène qui de tenait face à lui.


« Oh ? ♣ » s’étonna le magicien.


Un sourire amusé aux lèvres, il regardait le garçon s’occuper de ses monstres. Qu’étaient-ils ? Jamais auparavant il n’en avait vu. Tout cela était des plus intéressant. L’inconnu utilisait-il le nen de l’émission ? Non, c’était peu probable, Hisoka n’était plus dans son monde, les pouvoirs des gens n’avaient pas commune mesure avec ceux qu’il connaissait. Selon ses déductions, il apparaissait que le garçon face à lui était aussi un «élu» comme le disaient les gens du coin. Ainsi donc il y’en avait bien d’autres comme lui, c’était sûr dès à présent. Une question taraudait cependant l’esprit du sociopathe: que valaient ses bestioles ? A première vue, leur stupidité ne semblait avoir d’égal que leur puanteur. Avait-elle toutefois de la force ? Une seule façon de le vérifier. Sans prévenir, Hisoka lança la carte qu’il tenait toujours à la main en direction du crâne d’un des monstres qui se sustentait de l’un de ses victimes. Elle s’y ficha sans le moindre mal, ôtant la vie de la créature. Ainsi donc ils ne semblaient pas bien résistants. Leur force résidait très certainement dans leur nombre, oui, ce devait être ça. Sans nul doute ils devaient pouvoir servir de bouclier, ou bien de diversion. Voilà un pouvoir qui pouvait s’avérer intéressant. Fixant à nouveau l’invocateur, il s’adressa à lui.


« Des joueurs et des Pnjs ? Tu te trompes. Nous ne sommes pas dans un jeu. Si tu meurs ici...si je te tue... Ce sera définitif. Crois-en mon expérience je rôde ici depuis déjà quelques années. ♦ » s’exprima le magicien sur un air malicieux.


Pourquoi lui mentir ? Question simple, réponse simple: il en avait envie. Il le pouvait, alors pourquoi ne pas le faire. Inutile de chercher la moindre logique ou le moindre plan derrière cela. Hisoka est de ces êtres qui ne mentent pas pour leur intérêt, ils le font car ils trouvent ça divertissant. Après tout, c’était bien cela qui intéressait le plus le magicien, s’amuser. Pour le moment, il doutait de la puissance de son interlocuteur, l’affronter et le tuer cette nuit serait un pur gâchis. Peut-être plus tard ? Si à l’avenir il venait à devenir puissant, alors il serait digne d’être tué, mais pas aujourd’hui. Sortant un paquet de carte, le magicien se mit à les faire voler d’une main à une autre sans arrêter de fixer le jeune homme.


« Parle moi de toi, John, ainsi que de tes créatures, je suis curieux. ♥ » demanda Hisoka.

Des gobelins, un jeu de plateau modèle géant, Dragon ball, des élus. Hisoka ne comprenait très franchement pas la moitié de ce que lui racontait son interlocuteur. Bon sang mais qui était donc cet énergumène, un fou peut-être ? Non peu probable, il n’en avait pas les caractéristiques. Certes, il venait d’un monde différent du magicien, mais cela justifiait-il pour autant toute cette irrationalité ? D’ici peu de temps John allait-il péter un plomb ? Qui sait. A le voir se comporter comme une mère poule avec ses monstres puants, ça ne serait pas si étonnant que ça... Complètement indifférent à la haine des gobelins, Hisoka continuait d’observer le magicien. Qui était-il ? Bonne question, mais au nom de quoi devrait-il lui répondre ? Rien ne l’y obligeait après tout. Sortant de sa poche un chiffon il cacha son jeu de carte. Avec une étincelle de malice dans le regard, il le jeta alors en l’air, suite à quoi une pluie de confettis retomba sur le crâne du garçon et de ses monstres. Le magicien claqua alors des doigts et soudainement, tous les confettis revinrent jusqu’au chiffon. Hisoka le ramassa et en sortit le jeu de carte. L’air amusé, il se mit à tourner autours de son interlocuteur.


« Kuroro Luciferu, magicien et bouffon de la reine. ♣ » chantonna-t-il.


De nouveau un autre mensonge. Qu’importe, le jeune homme n’avait pas le moindre moyen de le savoir, après tout, lui aussi était nouveau ici. Hisoka se força à prendre un air gentil et un sourire sincèrement faux. Quiconque le connaissait bien saurait qu’il mentait, seulement le petit John n’était en rien Illumi Zoldyck, il n’avait pas cette capacité à passer outre les incessants mensonges du magicien. Suite à une magnifique pirouette, le magicien retourna sur son tonneau. De sa poche il sortit une carte qu’il montra au jeune homme. Il s’agissait d’un joker, sa carte de visite que l’on pouvait retrouver si souvent sur le corps de ses victimes. Quand il fut certain que John l’avait vu, il la lui lança lentement, de telle sorte qu’il la rattrape.


« Tu as du potentiel, je le sens, j’ai le nez pour ça et je ne me trompe jamais. Lorsque tu auras pris de la puissance, présente cette carte à la reine Omoikane en lui précisant que tu viens de ma part. Ce jour là, si tu es en mesure de me battre, nous t’offrirons tout ce que tu pourras désirer. Intéressant n’est-ce pas ? ♥ » déclara le magicien.


Quel honteux mensonge. Rien ne l’arrêtait quand il partait sur ce domaine. Rien qu’à l’idée de voir le jeune homme se faire humilier par sa faute, Hisoka ne pouvait s’empêcher de jubiler. Allait-il le croire ? A priori pour le moment rien ne contredisait ses paroles et puis lus le mensonge est gros, mieux il passe. Certes, plus tard, la probabilité qu’il découvre la supercherie était grande, toutefois aujourd’hui voilà qui semblait plus que compromis. Jouant de nouveau avec son paquet de cartes, Hisoka se demanda s’il devait insister sur le fait que tout cela n’était pas un jeu. Finalement, considérant que ça ne serait que gâcher inutilement sa salive, il se ravisa. Après tout, s’il mourrait par sa bêtise cela signifiera qu’il n’était pas à la hauteur de ses attentes. Certes, voilà qui serait un pur gâchis, mais d’un autre côté, le magicien voyait aussi cela comme un test. Patient, toujours son rictus vicieux au coin des lèvres, il ne cessait de fixer le garçon.

Du discernement ? Très bien, ce garçon avait du talent. Il ferait peut-être même de grandes choses. Toutefois, il valait mieux pour lui qu’il cesse rapidement de provoquer le magicien, ce serait une grossière erreur de sa part. Alors comme ça il était déjà en mesure de le tuer ? Tiens donc, allégation intéressante. Stupide et prétentieuse, certes, mais intéressante. D’où pouvait lui venir une telle confiance en lui ? Bien entendu il ignorait tout de la véritable identité de son opposant, mais cela restait cependant étrange. Hisoka le sentait bien, tout cela n’était qu’une façade. Ce cher John souhaitait plus que tout paraître puissant, brave, qu’on le prenne au sérieux, que le magicien le craigne même. C’était bien sûr raté. Quoiqu’il en dise, il était clair et net que le jeune homme était inexpérimenté dans l’art du combat. Avait-il seulement déjà ôté la vie à quelqu’un ? Très peu probable. Qu’il possède de la puissance ou non ne signifiait rien pour le moment, il lui manquait l’expérience. Écraser le magicien sous une légion de ses monstres ? Bonne idée en soit, mais que ferait-il quand celui-ci riposterait ? Savait-il seulement ce que l’on pouvait éprouver à la perte d’un membre ? Peu probable encore une fois. Un rictus machiavélique se dessinait toujours plus sur le visage d’Hisoka. Ce petit effronté l’excitait de plus en plus. Fallait-il pour autant craquer ? Non, il devait tenir bon, le tuer ici serait stupide, il devait attendre que le fruit mûrisse. Oui, voilà qui était la bonne décision à prendre.


« Tu as du nez John. En effet, quelqu’un comme moi, un assassin si je reprends ton terme n’est en rien le profil que l’on se fait d’un bouffon royal. Pour cause, je suis bien assassin. Tu te trompes cependant sur un point, je suis bien au service exclusif de la reine, c’est elle en personne qui m’envoie ici. Vérifie sur ce mandat royal si tu remets en doute mes paroles jeune sot. ♣ » expliqua tranquillement le magicien.


Sortant de sa poche une lettre, il y appliqua sa texture trompeuse pour la faire correspondre à ce dont il parlait. Tout était faux bien entendu, seulement la supercherie était absolument parfaite. Seul le sceau était erroné mais un élu, tout aussi nouveau que lui n’aurait aucun moyen de le savoir. Pourquoi persévérer dans son mensonge ? Pour s’amuser peut-être bien ? Non, dorénavant il lui mentait pour garder son calme et ne pas lui bondir dessus. Chose qui n’était pas si simple. Après avoir montré le faux mandat à John, il pointa de l’index les corps qui gisaient à quelques mètres en souriant.


« Mon ordre de mission stipule que ces vils traitres avaient dans le but de participer à un coup d’état contre notre Majesté, Dame Omoikane. On m’a payé pour les éliminer, ce que, tu peux constater, j’ai fais sans grande difficulté. ♦ » précisa-t-il au jeune homme.


Donnant l’air de s’impatienter, Hisoka se releva. Tout en s’éloignant de ce dernier il sortit son paquet de cartes. L’air sur son visage devint des plus sérieux, il était prêt à en découdre si John ne lui laissait pas le choix. Dorénavant il ne rigolait plus.


« Je t’ai menti, tu n’auras rien de la Reine. Si je t’ai proposé cela c’est pour plus tard savoir si tu vaut vraiment la peine ou non de rejoindre les rangs des assassins de sa Majesté. Je sens un grand potentiel en toi et je trouve qu’il serait dommage de prendre ta vie ce soir. Toutefois si tu penses vraiment être plus fort que moi, viens donc tenter de prendre ma vie gamin. Sache seulement qu’alors je ne retiendrai pas mes coups et qu’un seul d’entre nous verra le jour se lever. ♥ » menaça froidement le magicien.

Finalement, le poisson avait mordu à l’hameçon. Un instant Hisoka pensa qu’il n’y parviendrait pas mais au bout du compte voilà qui était fait. John était fou de joie, il sursautait presque comme un enfant à Noël. Pour l’occasion il prit même une posture qu’il voulut très certainement héroïque. Un sourire amusé enjoliva le visage de notre magicien, qui pourtant une seconde plus tôt se préparait à tuer de sang froid le jeune garçon. Dorénavant il ne restait plus à notre homme qu’à ferrer sa proie et le tour serait joué. On peut dire qu’il s’amusait comme un petit fou avec tous ces mensonges. D’un autre côté, il mentait pas sur tout, il voulait vraiment tester le jeune homme plus tard. Le rendez-vous qu’il lui donnerait ne serait pas faux, seulement différent ce qui serait prévu. Il pourrait alors tester John, et en bonus, celui-ci se rendrait compte le supercherie et en serait honteux. Ce plan était tordant. Tout en continuant d’écouter son interlocuteur, Hisoka se rendit près de l’un des cadavres et le fouilla. Quelques secondes plus tard il avait son poignard en main. Après s’être tourné vers John il lui lança.


« Cette lame est vieille et usée en plus d’être souillé par la rouille et la crasse. Il n’empêche que cela vaut toujours mieux que rien. Un conseil, ne tente pas de couper avec, transperce. La jugulaire, c’est ce qu’il y’a de plus efficace. Oh, et oublie pour les toits si tu veux rester en vie... ♣ » expliqua calmement le magicien.


Pourquoi lui donner des conseils ? Pourquoi l’aider ? Tout simplement parce qu’il voulait qu’il survive assez longtemps pour devenir fort et qu’il vaille le coup de l’affronter. Il fallait laisser au fruit le temps de mûrir. Le cueillir avant n’avait pas grand intérêt. Hisoka jeta un coup d’oeil à sa troupe de gobelins en reprenant un air plus sérieux, afin de coller à son personnage.


« Qu’importe si tu ne penses pas avoir le profil. Si je te proposes cela c’est parce que je considère que ce sera justement un atout. Tu sais parmi nos rangs nous comptaient même des grosses brutes sans cervelle qui ignorent tout simplement le mot discrétion. Au sens littéral... ♠ » expliqua Hisoka.


Après avoir rangé ses cartes sauf un joker, il tourna le dos à John et commença à s’éloigner de quelques mètres. Il se retourna et lança la carte droit vers lui afin qu’elle se plante à un centimètre de son pied droit. L’avait-il seulement inquiété ? Non, très peu probable. De toute manière là n’était pas le but escompté. Cela n’avait pour autre dessein que de conclure en beauté sa tromperie.


« Rejoins moi à la capitale du pays dans deux mois, va au palais de la Reine et demande lui audience en précisant bien que c’est Kuroro son bouffon qui t’envoie. Ce jour là nous combattrons. Si je t’en estimes dignes tu rejoindras nos rangs et tu constateras par toit même l’immense générosité de notre souveraine... ♦ » ajouta-t-il avec malice.