« Qui c'est ce clown ? »

Quel temps…

Assis sur la banquette d’une auberge, devant un verre de saké, Thrys fixait les nuages noirs par-delà le carreau sale de la fenêtre. Voilà plusieurs heures qu’une pluie diluvienne s’était abattue sur cette terre inconnue, forçant notre héros à faire une pause dans ses recherches.
Et à en juger les cumulonimbus qui venaient grossir l’épaisse masse noire régulièrement, tout portait à croire que cela n’allait pas se calmer immédiatement.

Lâchant un soupir, l’épéiste approcha ses doigts de son verre et plongea ses lèvres dans le délicieux breuvage. Ses yeux glissèrent sur le fond du récipient… une femme entièrement nue dans une position très tendancieuse… de sacrés polissons ces japonais, hein ? Enfin bref.
Après avoir bu une gorgée de saké, Thrys leva les yeux et observa, discrètement, les individus qui l’entouraient. Sur sa gauche se trouvait une table d’ivrognes, reconnaissables à leur teint pigmenté en rouge violacé, qui riaient à gorge déployée… d’ailleurs, la principale cause de bruit de fond dans l’établissement, c’étaient eux.
Un peu plus loin, trois hommes jouaient aux cartes et se lançaient de temps à autre de furtifs regards avant de replonger le nez dans leur jeu. A en juger l’expression du plus jeune des trois, celui-ci avait une très bonne main et s’apprêtait à dévoiler sa combinaison.

Allongé sur le bar, les formes du bois imprimées sur la joue, un client d’une trentaine d’années qui avait, visiblement, trop forcé sur la boisson… En tendant un peu l’oreille, il était possible de percevoir ses ronflements qui, sans l’animation des ivrognes à quelques mètres, seraient en mesure de faire trembler la bâtisse. Et, tandis que l’homme dormait à poings fermés contre le bar, un jeune serveur, fraîchement embauché et qui ne semblait pas très familier avec ce genre de situation, tentait de le réveiller en le secouant timidement.

« Mais où suis-je tombé moi… » murmura notre héros avant de baisser la tête et de reporter son attention sur son verre.
Thrys était perdu. Cet endroit inconnu ne lui disait rien qui vaille et, malgré un léger sentiment d’excitation provoqué par cette envie de voyager, l’épéiste restait inquiet… qu’allait-il pouvoir trouver ici ?

Soudain, une vive lumière attira son regard. De l’autre côté de la route, dans ce qui semblait être un champ, un halo blanc scintillait de mille feux, éblouissant notre héros. S’ensuivit un grand fracas, comme une sorte d’éclair, ce qui finit par réveiller la clientèle du bar et l’homme qui dormait contre le comptoir.
Le patron se dépêcha d’atteindre l’entrée de son établissement afin de voir ce qui était en train de se produire.
Puis tout redevint calme… la lumière s’estompa laissant à nouveau sa place à l’obscurité. « Hm… voilà qui est bizarre. » songea Thrys tout en restant immobile, le regard figé vers le champ.

Une étrange silhouette se mit à bouger. Un individu semblait se relever difficilement et se diriger vers le bar, le pas maladroit. Titubant, le pauvre bougre n’avait pas l’air bien. Encore un ivrogne sans doute…

Notre héros le jugea inintéressant si bien qu’il détacha son regard de la fenêtre et attrapa son verre avant de se désaltérer.

Mais la suite risquait d’être bien plus intéressante…