Bien que le voyage fut long et fastidieux, Hisoka  parvint finalement à destination sans trop de bobos. Danyang, capitale du Royaume de Wei, siège du Roi Hachiman. Pourquoi ses pas l’avaient menés jusque ici ? La réponse était simple: il avait envie de se battre. De tout ce qu’il avais appris pour le moment, il semblait que de tous les royaumes, il s’agissait du plus puissant. Mieux encore, ici même, dans cette cité, la criminalité était réputée être la plus grande au monde. Autrement dit, le magicien aurait la permission de tuer presque quiconque sans être véritablement inquiété. Le rêve n’est-ce pas ? Certes, en ce moment il tuais beaucoup, sans faire toujours preuve de discernement dans le choix de ses victimes. Le simple fait de le bousculer sans s’excuser caractérisait une cause de décès. D’un côté, il avait besoin de s’habituer concrètement à sa puissance amoindrie, et d’un autre côté il avait besoin de se défouler au vu des évènements. Même s’il ne pouvait pas établir le nombre précis de ses victimes, il devait déjà y en avoir au moins pour une petite cinquantaine. Des femmes, des enfants, des vieux et même des animaux de compagnie. Tout y passait pour satisfaire ses pulsions, un véritable sillon de sang de traçait derrière son passage.


La première chose que le magicien décida de faire fut de prendre une chambre dans une auberge. Le choix ne manquait pas bien entendu. En effet, dans cette cité vivaient plus de cinq millions d’âmes. C’était tout bonnement l’endroit le plus peuplé de ce monde. L’endroit était immense et on pouvait y trouver tout et n’importe quoi. Qu’il s’agisse de se vêtir pour l’hiver ou bien de s’équiper pour aller pêcher, on trouvait absolument tout ce que l’on pouvait désirer. Le choix d’Hisoka se porta sur un établissement nommé subtilement «Auberge de l’Asticot Gringalet». Quel nom renversant... Comme à son habitude, Hisoka s’amusa des réactions des gens à sa venue. Personne n’était jamais insensible à sa tenue de bouffon. Pour ne rien vous cacher, il s’en amusait même. Sans adresser la parole à personne, il se dirigea jusqu’au comptoir et donna suffisamment d’argent au tenancier pour résider un mois dans sa chambre la plus chère. L’homme ne put cacher sa surprise devant une telle somme d’argent. Peut-être pensa-t-il demander au magicien ce qu’il venait faire ici, reste qu’il n’en fit rien. Sa raison ayant été plus grande que sa curiosité, il n’adressa pas un mot à Hisoka et se contenta de lui indiquer où se trouvait sa chambre. Notre cher sociopathe le récompensa d’un large sourire avant de s’y rendre en rigolant de manière presque inaudible.


Allongé sur son lit, il tentait de se calmer. Tous ses regards qu’il avait senti. Tous ces gens l’épiant, le craignant, se demandant qui il pouvait bien être. Tous ces gens le méprisant, se moquant de sa tenue. Oh oui, tout ça....oui tout ça...lui donnait une terrible envie...de meurtre ! Oui il sentait déjà sa soif inextinguible de sang refaire surface. Il avait besoin de tuer. Cependant, il devait attendre que la nuit tombe, attendre que la pénombre devienne son allié, qu’elle lui permette d’éliminer ses proies en silence et discrètement. Patiemment, il attendit l’heure, minutes après minutes, heures après heures. Finalement quand il estima qu’il était temps, il sortit de l’auberge tel un éclair. Où trouverait-il quelqu’un ? Ce ne devrait pourtant pas être bien compliqué, on disait de cette ville que la moindre ruelle était un coupe-gorge. Se basant sur cela, il se rendit dans celle qui se trouvait derrière l’établissement. Un large sourire étira ses lèvres lorsqu’il vit un groupe de jeunes. Non loin d’eux une belle jeune femme. Bien qu’il n’y prêta pas grande attention, ils parlaient de lui montrer leurs grosses épées, ils mentionnèrent aussi une cave. Qu’importe. Bondissant de  la pénombre en silence, une carte dans chaque main, Hisoka se rua vers eux. Le combat fut bref, ce n’était que de la vermine sans la moindre puissance. Une fois leur misérables gorges tranchées, ils tombèrent tous au sol, baignant dans leur propre sang.


Bien qu’il ait retrouvé ses esprits, un problème se posait. Que faire de la jeune femme ? La laisser en vie ? Après tout à quoi bon lui ôter la vie. Rien qu’à la regarder on voyait bien qu’elle ne devait pas valoir grand chose. D’un autre côté, on allait penser qu’il lui avait sauvé la vie. Nul doute qu’au vu de ses vêtements, elle saurait aisément dire qui l’avait sauvé. Oh non, ça il ne pouvait pas se le permettre. Sans prévenir la jeune femme, il se jeta vers elle et trancha sa gorge à l’aide de ses deux armes mortelles. Son corps tomba en arrière et son sang se mêla à celui de ses ravisseurs. Hisoka laissa un as de coeur sur sa poitrine et lécha le sang se trouvant sur l’autre carte. C’était délicieux, un véritable délice, ce sang était parfait. Lentement, pas après pas, le magicien retourna chez lui. Il était maintenant complètement apaisé, serein. Gagnant sa chambre, il alla se coucher. Suite à une grasse matinée des plus revigorantes, Hisoka descendit commander quelque chose à manger. Lorsqu’il se posa à table, les gens qui se trouvaient déjà là lui lancèrent un regard inquiet, auquel il répondit par un sourire on ne peut plus faux. En attendant qu’on lui amène son assiette de viande et sa chope de bière, le magicien sortit son paquet de cartes et s’amusa avec, comme à son habitude. Quand finalement on lui apporta ce qu’il avait demandé, il le rangea et commença son repas. Lorsque soudain.....

Alors qu’il commençait à manger son savoureux steak, une personne s'immisça à sa table. Dans un premier temps il ne lui jeta qu’un bref regard lorsqu’on lui adressa un rapide bonjour. Il s’agissait d’une femme, très belle, très souriante et à tous les coups aussi très niaise. Ne lui prêtant aucune attention, Hisoka continua de déguster son plat. Tandis qu’il savourait sa viande, les paroles de la jeune femme le déroutèrent. Assez étonné par ce qu’il venait d’entendre, le magicien observa plus minutieusement le visage de son interlocutrice. Non... comment cela pouvait-il être possible ? Bon sang, mais il s’agissait de la femme d’hier soir ! Rêvait-il ? Non, à priori ce n’était pas le cas mais alors comment se faisait-il qu’elle ne reposait pas six pieds sous terre ? Hisoka l’avait tué de ses mains, il avait tranché sa gorge et par la même occasion sa jugulaire. Une fois cette artère là sectionnée, la mort survenait en à peine quelques minutes. Pas de doutes sur ce point, elle devait être morte. Alors pourquoi ne l’était-elle pas ? De nombreuses hypothèses plus farfelues les unes que les autres se bousculaient dans sa tête. Assez déboussolé, Hisoka fixa la jeune femme droit dans les yeux. Aucun doute possible, non, c’était bien elle.


« Kuroro Luciferu, magicien et bouffon en titre du Roi Hachiman. ♦ » répondit-il calmement.


Désireux de ponctuer son allocution d’un exemple il prit une carte de son paquet. D’un mouvement de main il y’en avait soudain deux. Un autre mouvement, dorénavant quatre. Un dernier elles étaient douze. Sans pour autant sourire, il montra alors les cartes à la jeune femme. Son visage se trouvait sur toutes, accompagné d’un chiffre et d’une couleur. Mouvement supplémentaire, les cartes disparurent, laissant place à une rose qu’il déposa devant elle. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement et de rire de la situation. Pourquoi ? Comment pouvait-elle ne pas se souvenir de ce qui s’était passé ? Tout cela était vraiment étrange. Il y’avait une très grande probabilité qu’elle vienne d’un autre monde, qu’elle aussi soit une élue. Cela pouvait très bien justifier sa soudaine résurrection. Même si cela devenait alors rationnel, ça n’en restait pas moins terrifiant. Le pouvoir de ne pas mourir était absolument incroyable. Très certainement le plus beau et le plus terrifiant de tous. Ainsi donc il pourrait pas tuer cette femme ? Lui, le grand Hisoka ? Impossible, il devait y avoir une explication à sa survie. Croisant les bras et prenant un air à la fois blasé et ennuyé, le magicien continua de fixer la jeune femme. Ceux qui le connaissaient auraient étés surpris par cela, il était immensément rare de le voir bouleversé de la sorte.


« Pourquoi n’est-tu pas morte ? Je t’ai tranché la gorge hier soir, tu ne devrais pas être en vie. ♠ » demanda-t-il.

Totalement dépité, Hisoka soupira, las de la naïveté de la jeune femme. Pourquoi continuait-elle de rire ? Pourquoi ne le prenait-elle pas au sérieux ? Le magicien n’arrivait pas à comprendre la raison de son calme et de son insouciance. N’avait-elle à ce point pas conscience du fait qu’Hisoka était prêt à la tuer une deuxième fois, d’une seconde à l’autre, juste pour vérifier la théorie de son immortalité. De nouveaux des rires et de la joie face à la déclaration de son faux métier. Elle semblait avoir apprécié le tour de magie. Seconde élocution de sa part, cette fois-ci sur la mort. En son fort intérieur Hisoka ne put s’empêcher de rire. Tant de naïveté réunie en une personne semblant pourtant déjà assez âgée ne manquait pas de l’amuser. Elle lui faisait un peu penser à son cher Gon, lui aussi était un phénomène du genre. Un léger sourire pointa le bout de son nez au coin des lèvres du magicien. Finalement, elle réalisa que le prétendu métier d’Hisoka semblait bien difficile à obtenir pour un élu. Intéressant, cette jeune femme arrivait à mêler flair et stupidité en même temps. Oui, très intéressant. Haussant les épaules et les bras d’un air innocent, le magicien lâcha un petit rire.


« Touché. Je ne suis qu’un humble magicien errant sur les routes à la recherche de quelques personnes à divertir, ne désirant rien d’autre que le gîte et le couvert en guise de récompense. ♦ » chantonna-t-il.


S’arrêtant soudainement de rire, Hisoka sortit de sa poche la carte qu’il avait utilisé pour lui trancher la gorge hier soir. Elle était recouverte de son sang, dorénavant sec. En une fraction de seconde il la lança droit sur la table, à seulement quelques centimètres d’elle. Laissant à la jeune femme le temps récupérer la carte et de l’observer, Hisoka continua à avaler le contenu de son assiette.


« En effet, lorsque l’on tue les gens, ils meurent. Alors pourquoi toi tu n’es pas morte, hier soir j’ai tranché ta jugulaire avec cette carte. Regarde bien, il s’agit de ton sang. ♣ » déclara notre homme.


Pendant qu’il laissait la jeune femme réfléchir il termina son repas et avala quelques gorgées de bière. Maintenant qu’il était repu, il pouvait agir librement, qu’importe si ses futurs actes devaient le conduire à fuir l’auberge. Plongeant son regard assoiffé de sang dans celui de la belle jeune femme, il s’arma d’une carte, prêt à attaquer.


« Maintenant dis moi comment tu as fais pour survivre. Si tu refuses je vais être contraint de tuer à nouveau pour voir comment tu procèdes... Alors ? ♠ » menaça le magicien sur un ton dur.

Spoiler:

Dans une premier temps, Nessä continua à rire bêtement, énervant toujours plus Hisoka. Grand Dieu mais que devait-il faire pour qu’elle comprenne enfin ? Cependant, la vue de la carte changea les choses. Était-ce d’y voir son sang qui la perturba ? Très certainement oui. Toujours est-il qu’elle s’arrêta de rire. Son sourire disparut de son beau visage. Elle fut alors saisie d’une soudaine prise de conscience. A en voir son faciès, ce devait être plutôt violent. Beaucoup trop même... Le visage de la jeune femme changea radicalement, ses traits devenaient plus durs, plus sombres. Fallait-il appeler un exorciste ? Il semblait que oui. Hisoka sentait une grande puissance consumer la jeune femme, comme si quelque chose prenait le contrôle sur elle contre sa volonté. Elle balbutia quelques mots, sans résultat aucun. Quand soudain, elle hurla à en faire exploser les tympans du magicien. Un terrible détonation retentit et Hisoka sentit le contrôle sur son corps lui échapper. En une seconde il fut envoyé à l’extérieur du bâtiment, directement à travers une fenêtre par une force incroyable. La puissance de l’attaque le fit faire quelques roulades au sol et sa course se stoppa finalement contre un mur. Par chance, ses sacs de farine se trouvaient là et ils amortirent sa chute.


Bon sang que venait-il de se passer à l’instant ? Passant la main sur son flanc gauche, il grimaça. Comme il le pensait il avait une côte cassée. Hisoka cracha un peu de sang avant de s’essuyer les lèvres. L’attaque était certes assez puissante, mais plus que tout c’était l’effet de surprise qui avait été redoutable. Alors qu’il se relevait avec peine, la jeune femme se retrouva face à lui. Enfin pas tout à fait, elle volait. Hisoka écarquilla les yeux devant cette scène. Voilà qui était des plus surprenants. Alors qu’il tentait de sortir une carte, le magicien se rendit compte qu’il n’en était pas capable. Pourquoi ? Il n’avait plus le contrôle sur son corps. Comment cela était-il possible ? C’était l’oeuvre du démon écarlate en face de lui. Hisoka sentait en elle une puissance colossale, immensément plus grande que la sienne ça ne faisait aucun doute. A première vue, à en constater par son changement de physique et de caractère, il ne pouvait pas s’agir de la même personne. Était-il seulement possible que deux personnes vivent dans le même corps ? Après tout elle était une élue, ça devait bien être le cas. Le démon lui demanda alors s’il avait une dernière volonté. Le visage du magicien prit alors un air admiratif, des étoiles dans les yeux.


« Fascinant. Tout simplement fascinant. Quelle puissance, j’en tremble d’excitation... Oh oui c’est divin. Alors c’est donc ça la raison de sa survie... Je vois, fascinant. Laisse moi deviner, tu as un pouvoir de résurrection n’est-ce pas ? Oui c’est forcément ça. Fascinant. Je suis Hisoka, un élu tout comme toi. Si tu veux bien, je pense que nous pouvons nous allier, tu as la puissance pour être digne de mon aide. ♥ » déclara le magicien.


Pour le moment, il valait mieux être son allié que son ennemi. Bien sur, à terme, Hisoka désirerait la combattre, c’était évident. Il n’empêche qu’il était assez intelligent pour ne pas chercher à s’opposer à quelqu’un qu’il savait ne pas pouvoir battre. De toute manière, le magicien était réellement fasciné par cette femme. Si elle avait bien ce pouvoir, il s’agissait pour lui d’un véritable cas de conscience. Un être qu’il ne lui serait jamais possible de tuer. C’était prodigieux, il n’en revenait pas. Jamais auparavant Hisoka n’avait ressenti une telle excitation, il bouillonnait littéralement sur place.

Le moins que l’on puisse dire, c’était que ce démon rouge était plus que méprisant. Elle avait un air arrogant, hautain. On sentait bien à quel point elle se croyait supérieure. Certes Hisoka reconnaissait qu’elle était puissante, mais elle n’était pas divine non plus. Dans son ancien monde il avait croisé bon nombre d’ennemis bien plus puissants. Elle faisait pâle figure comparée à eux. Attentif à la réponse de Phoenix, le magicien se taisait. Elle déclara qu’ils n’étaient en rien égaux. Pire encore, elle l’humilia en lui expliquant qu’il allait devenir son serviteur. Était-ce là une blague ? A priori non, ce n’en était pas une, elle était plus que sérieuse. Les traits de notre homme se durcirent face à ce manque de respect flagrant. Son regard plongé dans celui de la démone devint plus sombre et maléfique que jamais. Oh non, elle ne lui faisait pas peur, en l’état actuel des choses elle n’était rien de plus qu’un vulgaire cafard se cachant derrière cette jeune fille naïve. Cette hypothèse fut rapidement confirmée par la démone elle même. Il entendit de sa propre bouche qu’elle n’avait pas encore toute sa puissance et qu’elle voulait qu’il prenne soin de son hôte en attendant. Autrement dit, en lui demandant cela, elle venait bêtement de détruire toutes ses chances de l’intimider. Sentant que le contrôle sur son corps revenait, Hisoka s’étira en baillant. Il ne le regardait même plus, comme si soudainement elle n’en était même plus digne.


« Si je suis un insecte, tu es moins qu’un microbe. Ma réponse est non, je ne sers rien ni personne. ♥ » répondit-il d’un air effronté.


Hisoka sortit alors une carte de sa main. Un joker, comme à son habitude. Alors que son interlocutrice perdait visiblement de sa puissance, comme si elle perdait le contrôle, elle cessa de voler. Le magicien en profita pour lancer la carte devant elle au niveau de ses pieds. Un large sourire se dessina sur son visage pendant qu’il la regardait avec un regard provocateur.


« Je te laisse ma carte pour quand tu seras enfin en mesure de sortir de cage petit oiseau fragile, Hahahahahaha !! ♠ » conclut le magicien.

Lui tournant alors le dos, Hisoka commença à s’éloigner, en rigolant comme un dément. L'attitude de notre homme était bien sûr exagérée mais il voulait se payer la tête de cette femme qui se permettait de lui manquer de respect. Bien entendu, malgré ses paroles, il la trouvait réellement digne d’intérêt. Sa capacité à défier la mort était prodigieuse. Malheureusement, la stupidité de son hôte le blasait trop pour qu’il ne désire passer une seconde de plus à ses côtés. Dans son esprit la chose était simple. Il allait attendre qu’elle gagne en puissance et quand ce serait le cas il l’affronterait. Et si par malheur elle refusait de pointer le bout de son nez, une petite carte bien placée en travers du front de la miss ne manquerait pas de la faire venir. Phoenix. Voilà une affaire qui était à suivre...